Les enjeux de l’alimentation durable
Depuis 50 ans, nos habitudes alimentaires ont changé. Notre alimentation est plus diversifiée, mais aussi plus riche en graisses, en sucres et en protéines animales. Nous cuisinons moins, consommons davantage de plats préparés et mangeons plus souvent à l’extérieur. Nous recherchons aussi un large choix d’aliments, partout et en toutes saisons, souvent au prix le plus bas.
Cette façon de nous nourrir n’est pas sans conséquences sur la santé (surpoids, obésité, diabète, maladies cardiovasculaires…) et sur l’environnement : pollution de l’air, de l’eau et des sols, consommation d’énergie, émissions de gaz à effet de serre… Sans parler du gaspillage alimentaire qui augmente encore la quantité de ressources inutilement consommées et les déchets à traiter.
Les habitudes alimentaires en évolution
Cependant, les perceptions des consommateurs évoluent, même si les changements d’habitudes doivent encore se concrétiser :
- 24 % se disent aujourd’hui « flexitariens » et veillent à consommer moins de viande*
- 2,2 % seulement ont totalement banni la viande de leur alimentation
Des chiffres nettement en dessous de la moyenne de pays tels que les pays anglo-saxons, l’Allemagne ou encore la Suisse.
Tour d’horizon des impacts et des tendances
Une alimentation bonne pour notre santé, pour l’environnement et équitable pour tous est-elle possible ? La réponse en chiffres !
1/4
des émissions de gaz à effet de serre en France provient de nos assiettes**
84 %
des Français seraient attentifs aux conséquences de l’alimentation sur la santé*
62 %
auraient changé leurs habitudes de consommation pour réduire leur empreinte environnementale*
1/3
des aliments produits dans le monde chaque année ne sont finalement jamais consommés
+ de 4 Mt
(millions de tonnes) de denrées comestibles sont perdues chaque année sur l’ensemble de la chaine alimentaire
Sources :
* Végétariens et flexitariens en France en 2020, Ipsos pour FranceAgriMer
** L’empreinte énergétique et carbone de l’alimentation en France, Club Ingénierie Prospective Énergie et Environnement, 2019
Du champs à l’assiette, les impacts sont partout
Prenons l’exemple des impacts d’un steak haché…
© ADEME / Agence Giboulées
- Production de la viande
Impacts de la fabrication des engrais, de la culture des aliments du bétail, de l’élevage des animaux. - Fabrication des steaks hachés
Impacts du transport des animaux, de la transformation du bœuf en steaks hachés, de l’emballage des steaks. - Distribution
Impacts du transport réfrigéré et du stockage réfrigéré en supermarché. - Consommation
Impacts du transport par le consommateur, de la conservation réfrigérée à la maison, de la cuisson, du gaspillage alimentaire, des emballages des steaks.
Pour aller plus loin
L’alimentation génère des impacts environnementaux importants : le quart des émissions de gaz à effet de serre en France provient de nos assiettes, au travers de la production, de la transformation, du transport, de la distribution et de la consommation de nourriture.
Pourquoi gaspille-t-on autant ?
Le gaspillage commence bien avant que la nourriture n’arrive dans nos assiettes.
Le gaspillage alimentaire s’observe à tous les stades de la chaîne alimentaire et concerne tous les acteurs : producteurs, transformateurs, distributeurs, restaurateurs, transporteurs… sans oublier le consommateur même s’il n’a pas toujours l’impression de gaspiller.
Qu’est-ce qu’un déchet alimentaire et que gaspille-t-on vraiment ?
8,8 millions de tonnes de déchets alimentaires ont été produits en France en 2021, soit 129 kg par personne.
La moitié de ces 8,8 millions de tonnes, soit 4,3 millions de tonnes, est du gaspillage alimentaire :
- 66 kg par personne de déchets non comestibles (os attachés à la viande, peaux de certains fruits et légumes, coquilles d’œufs…).
- 63 kg par personne de déchets comestibles (restes de repas, fruits et légumes dégradés, date limite de consommation dépassée…).
Les déchets sont générés à chaque étape de l’alimentation humaine, depuis la production jusqu’à la consommation.
- Production primaire : 18 kg par habitant (dont 76 % sont comestibles).
- Transformation et fabrication : 25 kg par habitant (dont 35 % sont comestibles).
- Distribution et commerces de détail : 9 kg par habitant (dont 78 % sont comestibles).
- Consommation hors domicile (restaurants et cantines) : 16 kg par habitant (dont 53 % sont comestibles).
- Consommation à domicile : 60 kg par habitant (dont 41 % sont comestibles).
Le saviez-vous ?
La distribution jette chaque année 633 000 tonnes de nourriture.
Les cantines et les restaurants, plus d’un million de tonnes.
Mais c’est à la maison, où nous prenons le plus de repas, que nous gaspillons le plus : environ 4 millions de tonnes par an, soit 60 kg par personne et par an, dont plusieurs kilos de nourriture encore emballée !
Que gaspille-t-on à la maison ?
31 % de légumes
24 % de liquides
19 % de fruits
Mais aussi :
- 12 % du riz, des pâtes et des céréales
- 4 % de la viande et du poisson
- 4 % du pain
- 3 % de la crèmerie
- 2 % des plats préparés
- 1 % des produits sucrés hors liquides
© ADEME / Agence Giboulées
Source : étude des impacts du gaspillage alimentaire des ménages, ADEME, octobre 2014 (à partir d’une étude réalisée sur 20 foyers français).
Nous ne gaspillons pas autant tous les aliments : ce sont les légumes et les fruits qui finissent le plus à la poubelle et les restes cuisinés…
En France, l’objectif fixé par tous ces acteurs et les pouvoirs publics est de réduire de 50 % le gaspillage sur l’ensemble de la chaîne alimentaire avant 2030* (2025 pour la restauration collective et les distributeurs).
En France de nombreuses lois (Garot, EGALIM, AGEC) engagent les acteurs dans la lutte contre le gaspillage alimentaire.
Le gaspillage alimentaire c’est aussi un immense gaspillage d’argent !
En France, le gaspillage à la maison c’est 100 € par an et par personne dépensés pour rien.
Que pouvons-nous faire concrètement ?
Producteurs, industriels, commerçants et consommateurs, nous pouvons TOUS agir, chacun à notre niveau.
- Les producteurs peuvent par exemple favoriser la pratique du glanage, du don ou de la vente directe pour les fruits et légumes qui ne sont pas commercialisés par les commerçants à cause de leur forme ou de leur taille.
- Certains industriels travaillent avec les producteurs et les distributeurs, pour alléger les critères de calibrage ou de forme des produits.
- D’autres travaillent sur des emballages qui permettent une meilleure conservation des aliments par exemple.
Aujourd’hui, la plupart des magasins vendent moins chers les produits dont la date de péremption est proche.
Certains proposent des produits issus de marques anti-gaspi, comme ceux issus des conserveries qui transforment les fruits ou légumes qui n’ont pas trouvé preneurs.
Ils doivent également donner leurs invendus aux associations d’aide alimentaire qui les redistribuent aux personnes qui en ont besoin.
Éviter de gaspiller à la maison
Sans toujours nous en rendre compte, nous jetons beaucoup de nourriture (l’équivalent d’un repas par semaine en moyenne !). Quelques conseils pour y remédier :
- Dressez une liste de courses avant de faire vos achats
- Préparez vos menus à l’avance
- Achetez la juste quantité en regardant bien les dates de péremption
- Veillez à la bonne conservation des aliments
- Videz soigneusement les emballages
- Cuisinez les bonnes quantités
- Cuisinez les restes
Pour aller plus loin
30 kg de nourriture : c’est ce qui est jeté en France chaque année par habitant, en moyenne. Cela représente 100 euros gaspillés par personne. Changer quelques habitudes peut réduire ce gaspillage de 15 kg !
Découvrez cette infographie qui vous propose des solutions anti-gaspi à toutes les étapes, des courses au repas.
À l’extérieur aussi
Servez-vous en fonction de votre appétit :
- Au self de votre entreprise, adaptez les quantités de pain au reste du menu car l’appétit évolue au cours du repas. Et si vous n’avez pas très faim, signalez-le à la personne qui fait le service.
- Au restaurant, renseignez-vous sur le volume des plats avant de commander une entrée, un plat principal et un dessert !
- Emportez ce que vous n’avez pas consommé : demandez un doggy bag, à condition bien sûr de pouvoir les consommer rapidement ou les congeler. Cette pratique est aujourd’hui courante partout en France et est imposée à tous les restaurateurs depuis 2021.
Comment limiter et recycler les emballages et les déchets ?
En évitant les emballages superflus
- Privilégiez les produits non suremballés, dans un emballage recyclable, dont la taille est ajustée au produit.
- Pensez aussi aux emballages recyclables, comme les bocaux en verre, que vous pourrez réutiliser par la suite. Évitez les produits transformés, vendus dans des emballages multiples et cuisinez plutôt des aliments bruts.
- Fini les bouteilles plastiques ! Les alternatives existent, comme les gourdes métalliques par exemple.
- Pour les courses, n’oubliez pas votre sac en tissu réutilisable ou votre cabas (sans plastique).
Vers la fin des emballages à usage unique
D’ici 2025, le décret « 3R » (Réduction, Réemploi et Recyclage) de la loi antigaspillage pour une économie circulaire (loi AGEC) prévoit :
- Une réduction de 20 % des emballages plastiques à usage unique, dont au minimum la moitié doit pouvoir être remployée ou réutilisée.
- la fin des emballages en plastique à usage unique « inutiles » (exemple : triple emballage dans les paquets de gâteaux).
- 100 % de recyclage des emballages en plastique à usage unique.
En achetant en vrac, avec précaution
- Réutilisez le plus de fois possible les contenants moins « durables », en papier, carton… ou les sacs en tissu par exemple.
- Respectez les consignes de service en veillant à ne rien renverser et ne remplissez pas de sacs avant de les abandonner dans les rayons.
- À la maison, conservez les produits alimentaires dans des contenants adaptés (hermétiques, à l’abri de la chaleur, de l’humidité et de la lumière).
En triant tous les emballages, partout
Triez en général tous les emballages où que vous soyez : à la maison, en vacances, au travail ou lorsque vous vous promenez (dans les poubelles bi-flux…). Cartons, bouteilles en verre ou en plastique, boîtes en métal… bien triées, ces matières pourront ensuite être recyclées.
En compostant les déchets alimentaires
Grâce à vos déchets de cuisine, vous pouvez disposer d’un engrais de qualité pour votre jardin en compostant en tas ou en bac. Si vous vivez en appartement, il est possible de composter vos déchets avec un lombricomposteur ou de participer à un compostage collectif en pied d’immeuble.
À noter qu’à compter de 2024, les collectivités seront tenues de proposer à leurs habitants un tri à la source des biodéchets.
Pour aller plus loin
Pour plus d’informations et de conseils pratiques :
- Visitez le site de l’ADEME Agir pour la transition
- Consultez le guide « Une alimentation plus durable en 10 questions »